Thomas Hauser développe un travail photographique et sculptural autour des résurgences de la mémoire, qu’il réinvente et qui s’articule de manière libre entre photographies reçues comme héritage et photographies dont il est l’auteur. Il procède par assemblage, découpe, fragmentation, surimpression d’images et assemble la matière par affinité. À la frontière de l’installation et de la sculpture, ses
Modules sont des compositions de bribes de souvenirs personnels et collectifs qui échafaudent les traces d’une mémoire hypothétique. Ce travail à rebours qui déconstruit des récits par superpositions et tensions formelles entre le passé et le présent fabrique des images-matières encrées et minérales qui nous révèlent la capture d’une mémoire.
En architecte de la mémoire, Thomas Hauser déconstruit la notion d’archive, soumettant les images à un processus de dégradation et d’abstraction qui les éloignent de toute forme de narration identifiable : si son travail se rattache, plastiquement, à la photographie, il s’étend également, conceptuellement, vers la sculpture et le cinéma, dont il adapte la technique de montage et de fragmentation temporelle. Hauser manipule ses photographies en les photocopiant, en les recadrant et en les réimprimant avec toutes sortes d’imperfections et de traces d’utilisation. Tournant autour d’un point aveugle, comme une scène primitive du regard dont l’origine manquerait, Thomas Hauser opère une spatialisation de l’image dans des assemblages sculpturaux précaires : jonchant le sol, sur des blocs de pierre, de béton ou des miroirs, ses images prennent ainsi la forme d’une géologie du souvenir.