Reburrus, du latin hérissé, est un bestiaire contemporain. En reprenant les codes picturaux des bestiaires du XVIIIe et XIXe siècle, Sophie Mei Dalby travaille sur le rapport que l’Homme entretient avec l’Animal ainsi qu’avec sa propre animalité. Quel statut est aujourd’hui accordé aux animaux dans l’inconscient collectif contemporain ? La volonté de coller à une forme de fantasme exotique reste omniprésente dans les zoos. Ici, la mise en scène de la nature est le décor de la scène dont l’animal est le principal acteur, condamné jusqu’à la fin de sa vie à jouer son propre rôle. Cette comédie exotique, très présente dans l’histoire du bestiaire, renvoie aussi à la notion de puissance et de colonisation. Les espaces naturels et leurs habitants originels, les animaux, ne sont-ils pas les victimes muettes de l’envahissement humain ?
Aujourd’hui, le zoo se veut être un lieu de prévention et de sauvegarde des espèces en danger, il est aussi un miroir des derniers espaces concédés à la faune terrestre. Dépossédées de son essence, de sa liberté, la nature et la faune encadrées par le contrôle de l’Homme perdent peu à peu vie et s’immobilisent.
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Sophie Mei Dalby est une artiste photographe française, elle vit et travaille à Paris. Diplômée en 2011 de l’ECAL, école cantonale d’art de Lausanne, elle utilise principalement la vidéo et la photographie pour explorer les thèmes de la nature, de la disparition mais aussi de la perception et de l’illusion. Collaboratrice pour plusieurs magazines, elle réalise des portraits de personnalités particulièrement dans le milieu de la musique. Directrice artistique ou réalisatrice de clips, photographe de mode, portraitiste, cette pluri-disciplinaire de l’image à participé à de nombreuses expositions collectives, notamment au Centre George Pompidou, au 104, au Musée de la Chasse, au musée de Valence, au musée de l’Elysée à Lausanne. Elle a également remporté le prix du jury des Nuits Photographiques (Paris, 2013) en 2013 et le prix du public des ateliers de l’Image (Marseille, 2014).