« Je porte une attention particulière à la surface sensible des choses. L’effet de réel de la photographie me permet d’embrasser des paradoxes et de suggérer des passages entre des éléments disjoints — entre l’image et l’expérience, le visible et le caché, le tangible et le mental, la vie et la mort, … — , et ce sur la surface même de l’image, comme si celle-ci pouvait être le lieu même d’une genèse. Si mes images sont le plus souvent prélevées au cours de voyages lointains, elles ne sont pas pour autant des fenêtres vers ces ailleurs. En rabattant le plan des choses sur le plan de la photographie, en évacuant les horizons et les lignes de fuites, j’espère restituer quelque chose qui soit de l’ordre d’une immanence.
L’animal, dans mon travail, se présente d’une part comme un éloge au silence, et d’autre part comme une voie vers l’acceptation du caractère fluide et changeant de toute chose. C’est une piste, un mouvement que j’ai choisi de suivre. Mon regard, cherchant son expression à travers la photographie, semble entrer précisément en résonance avec la présence au monde silencieuse et sensuelle des animaux.
S’il était question d’amour, celui-ci trouverait sa plus paradoxale et par là même sa plus vive expression dans l’acte de prendre soin de la bête jusqu’au bout, jusqu’à son achèvement s’il était nécessaire... et peut-être ensuite dans l’acte de photographier l’animal gisant, dont je ne me distingue plus. »