« Je peux dire des douceurs autant que des monstruosités, m’intéresser aux liens, aux frontières entre les êtres vivants et leur environnement et suggérer la porosité de ces relations. Je m’intéresse aussi à notre héritage généalogique, social et culturel, aux grands passages de l’existence, à ce qui crée notre identité au sein d’une famille, d’un groupe, d’une société, au cœur d’un environnement. Ce qui constitue et crée la cohésion (rituels, mythes) ou au contraire, la brise, l’entrave ou la contrarie (mouvement des peuples, exils, migrations...)
L’intime et l’indicible sont présents et je veille à garder des zones de tensions et de repos pour laisser au spectateur un espace de projection. Pour atteindre ces paradoxes, le jeu entre l’abstraction et la figuration s’impose.
Au milieu des fauves et des créatures hybrides, entre amours et déchirements, les métaphores de nos désirs et de nos peurs se dissimulent ou s’offrent dans les espaces peints ou brodés. Ils sont parfois gravés de lignes, de signes et de petites architectures. Il peut s’agir de la représentation de nos paysages intérieurs, comme une réminiscence d’un lieu originel, primordial et cosmique.
J’aime expérimenter les modes d’actions. Je m’interroge sur ces notions d’écart et d’entre, ces espaces à part, situés entre un élément et un autre. J’observe les échos et les répercussions qu’un travail produit sur un autre travail. Comme le levain pour le pain, une sorte de ferment passe d’une œuvre à l’autre. Cette matière féconde fait évoluer le processus au fur et à mesure, elle le transforme. »